Le financement participatif comme soutien à la transition agroécologique

Les plateformes numériques sont de plus en plus utilisées par certains agriculteurs comme instruments de communication et de diffusion d’informations auprès de leur entourage social et géographique. Grâce à ces technologies, il est plus simple de solliciter les citoyens pour requérir certaines formes de soutiens, dont des aides financières. Les plateformes de financement participatif (FP) s’inscrivent comme un outil de mise en relation des besoins financiers d’entreprises agricoles et de l’offre financière provenant de l’épargne des particuliers, un lien qui favorise également la visibilité sociale et géographique de ces fermes, généralement engagées dans les circuits courts.

Cet article analyse les effets et les résultats des campagnes de sociofinancement lancées par des producteurs maraîchers de la région de Normandie (France). La recherche recense 31 projets présentés sur 5 plateformes de FP. Les fermes concernées ont obtenu des financements allant de 185 à 45 000 € soutenues par un nombre de contributeurs allant de 6 à 353. Pour 14 fermes, le financement reçu était en-dessous du financement escompté, alors que pour le 17 autres, l’objectif était atteint, voire dépassé. Les labels (en particulier le label AB) sont surreprésentés (27 sur 31) au sein des projets qui mobilisent le FP. Une majorité des campagnes sont mises en place dans le but d’acquérir du capital fixe : bâtiments(5 cas), serres (4), matériel d’irrigation et machinerie (7). Ces investissements sont présentés comme un moyen d’atteindre des pratiques de production plus écologiques. Quelques cas touchent à de l’acquisition foncière (4) et le reste des projets concernent le développement d’activités en amont ou en aval de la production agricole, comme la transformation à la ferme ou de l’appui à la trésorerie et à l’achat d’intrants. Les caractéristiques de ces fermes : biologiques pour la plupart et en circuits courts, montrent clairement que le FP s’adresse d’abord à des formes alternatives de production. La proximité géographique des financeurs avec l’entreprise financée est un facteur dominant, mais n’est pas exclusive, notamment dans les régions où le tourisme et la villégiature sont importants.

Les enseignements

Le FP est un mode de financement alternatif, parfois utilisé de manière complémentaire au financement classique, d’autres fois pour pallier les difficultés d’accès à ce financement classique. L’article montre que le FP soutient des projets que l’on peut qualifier d’alternatifs, qui s’inscrivent dans une démarche agroécologique, que ce soit par une mise en marché en circuit court ou par l’adoption de pratiques de production encadrées par des labels écoresponsables. Ce sont des valeurs conjointes qui réunissent les producteurs et investisseurs. Au Québec, Ma belle terre, est actuellement la seule plateforme de FP qui se spécialise dans les projets agroalimentaires. Les fermes dont les valeurs et objectifs rejoignent ceux des citoyens sensibles aux questions sociales et environnementales, peuvent trouver ici des sources de financement complémentaires, mais l’article rappelle aussi que les financements obtenus par ce biais restent très en-delà des investissements totaux nécessaires au développement des fermes concernées.

pdf N°27, fiche n°2 - juin - juillet 2023

Fiche n°2, Bulletin n°27 –  juin – juillet 2023
Rédaction : Marilou Ethier, Pascal Genest-Richard, Patrick Mundler

Cette veille bibliographique vous est offerte par le groupe de recherche Agriculture, territoires et développement de l’Université Laval avec le soutien du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.