En pratique : les différents modes de prise de décision

Cette note est un élément pratico-pratique du pouvoir partagé selon L’ILOT et constitue un élément du récit disponible dans Le Carnet de L'ILOT sur le pouvoir partagé.  Les notes « 🌿 En pratique » abordent notre structure et nos mécanismes de partage du pouvoir qui visent à permettre à chaque personne de « prendre part » de la façon souhaitée au service de l'organisation.

En contexte de gestion démocratique, il existe trois principaux modes de prise de décision : le vote majoritaire, la décision par consensus et la décision par consentement.

À L’ILOT, on privilégie la « décision par consentement » lorsque nous avons besoin d’un mécanisme formel de prise de décision, particulièrement pour les décisions importantes. Le reste du temps, nous tentons de faire appel au « discernement collectif » pour prendre nos décisions.

Discernement

Le discernement consiste à se placer dans des conditions qui permettent à une réponse d’émerger d’elle-même, de se dévoiler au groupe. Selon Hubert M. Makwanda, « discerner », c’est surtout se mettre dans une posture d’écoute fine et de clairvoyance.

Cela nécessite plusieurs choses : de ralentir, s’offrir du temps de réflexion individuel et collectif, identifier les bonnes questions à se poser, accueillir les réponses inattendues et identifier ensemble ce qui pointe vers l’option la plus sensée et/ou juste.

Décision par consentement

Voyons maintenant en quoi consiste la décision par consentement. Contrairement au consensus (où tout le monde doit être d’accord avec la proposition), le consentement requiert que personne ne s’oppose à la proposition (personne ne dit « non », personne n’a de bonnes raisons de s’opposer à une décision). Le processus se déroule comme suit :

1. Écoute du centre : autour du sujet qui est au centre de la table, chaque personne exprime (au « je ») ce qui est juste/vrai pour elle, ce qui est vivant en elle, ce qui semble important pour elle par rapport à ce sujet.
2. Élaboration de la proposition et présentation au groupe.
3. Après avoir répondu aux questions de clarification, les membres du groupe peuvent partager leurs ressentis, leurs suggestions pour enrichir la proposition initiale, ainsi que leurs objections. Ces dernières ne sont pas de« simples » commentaires : elles correspondent à des limites qui font qu'une personne ne peut adhérer (je ne peux pas me rallier à cette proposition dans sa forme actuelle).
4. Le groupe travaille à réécrire la proposition de manière à lever l’ensemble des objections, sans en créer de nouvelles.
5. Une fois que toutes les objections sont levées, c’est l’étape de la célébration!

Par exemple, en cercle Développement organisationnel, on se demande si nous avons les bonnes personnes ou les informations nécessaires par rapport au sujet que l'on traite et comment nous allons ramener cette information vers le reste de l'équipe, le bon cercle ou le bon rôle professionnel. C'est ce qui permet d'éviter de monopoliser une rencontre d'équipe ou d'interpeller une personne en particulier. On a décidé ensemble de se doter d'un régime de retraite mais toute l'équipe n'a pas travaillé les scénarios budgétaires et participé aux rencontres d'information avec des prestataires.

– Jackie Demers

Les processus sont souvent collectifs, mais cela ne veut pas dire que la phase de réflexion ou de délibération collective est obligée d’être excessivement longue. Il s’agit de miser sur la pertinence (on sait pourquoi on participe à la discussion) et sur le discernement collectif (on sait ce qui est utile ou non) quant à la participation de chacune. Résultat : les rencontres ne sont jamais trop longues ou circulaires.

D'ailleurs, chaque rencontre est dédiée à un sujet bien délimité, ce qui nous permet d'avancer à propos de ce sujet tout en captant les éléments qui vont devoir être discutés dans d'autres espaces.

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