Évaluer la performance agroécologique des fermes gérées par des femmes

L’agroécologie est un mot que l’on lit souvent sans trop savoir à quoi il réfère. Encore plus abstraite est l’idée de mesurer la performance agroécologique de quelque chose. Une méthode pour ce faire, nommée « Tool for Agroecology Performance Evaluation » (TAPE), a été développée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (la FAO). Le principe de cette méthode est d’utiliser un mélange de recherches qualitatives et quantitatives pour informer les différentes dimensions de l’agroécologie, qui impliquent des principes autant physiques (santé des sols, diversification des espèces, …) que socioéconomiques (bonnes conditions de travail, partage des connaissances, …). Dans le cas de cette recherche, les autrices ont appliqué la méthode TAPE aux États-Unis sur un échantillon de 75 femmes occupant un rôle de gestion sur une entreprise agricole depuis au moins 2 ans.

Du point de vue économique, il est intéressant de noter que les participantes ne définissaient pas leur succès en fonction de leur rentabilité, mais plutôt de leur contribution au bien-être de leur communauté. Les trois quarts des fermes mettaient en place des pratiques de mise en marché inclusives telles une tarification dynamique en fonction de la capacité de payer, l’échange de produits contre du travail, ou encore en faisant des dons à des organismes communautaires. La vaste majorité des répondantes avaient un revenu externe à celui que leur fournissait leur ferme. Sans surprise, les plus grandes fermes avaient moins recours à des revenus externes et utilisaient des circuits de distribution un peu plus longs. Seulement la moitié bénéficiaient d’un support gouvernemental quelconque et la barrière à l’évolution de leur ferme la plus souvent citée était celle des revenus. Les agricultrices disaient trouver que les gens n’accordaient pas assez de valeur à leur alimentation. Du point de vue environnemental, les agricultrices étaient généralement satisfaites de leurs pratiques, sauf pour leur approvisionnement en intrants et leur gestion de l’eau. Près de la moitié des répondantes disaient avoir des pratiques biologiques, bien que seulement 21 % détenaient la certification (ce qui reste très élevé comparé à la moyenne américaine). En croisant les résultats avec les données nationales, les autrices ont remarqué que leur échantillon représentait des fermes beaucoup plus petites que la moyenne et que celles-ci s’adonnaient toutes à une forme ou une autre de vente directe.

Les enseignements

Cette étude n’est pas représentative de l’ensemble des fermes détenues par des femmes aux États-Unis et ne permet pas de comparer avec des fermes gérées par des hommes. Mais elle confirme ce qu’ont déjà relevé diverses recherches : les agricultrices accordent une grande importance à leur implication communautaire, à la préservation des ressources et au partage des connaissances. Au Québec, selon les données du portrait de la relève agricole, la tendance à la féminisation de l’agriculture est nette pour les fermes en démarrage. Cette féminisation est aussi fréquemment observée dans les fermes en circuits courts, adossée à une plus forte sensibilité écologique et sociale.

pdf N°31, fiche n°2 – février - mars 2024

Rédaction : Marilou Ethier, Pascal Genest-Richard, Patrick Mundler

Ce bulletin vous est offert avec le soutien du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

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Intégré par Anne-Sophie Thomas, le 4 avril 2024 14:13
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Publication

1 février 2024

Modification

5 avril 2024 09:47

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