Pour un résumé du propos de cette note sur le premier paradoxe : «Confusion concernant le but», lisez la partie de la note globale sur les paradoxes qui lui est consacrée.

Ce qu'il faut retenir

Admettons que vous ne soyez pasau clair concernant vos intentions lorsque vous vous engagez dans une démarche visant à vous doter d'une stratégie numérique : imaginons que vous ne savez pas vrainent dans quel but vous effectuez cette démarche. Qu'est-ce qu'il y a de paradoxal à ça ? L'enjeu est qu'on doit se méfier de la tendance très forte qu'on peut avoir à prendre des objectifs qui sont présentés comme louables dans l'espace public et à se dire que ce sont nos buts à nous. 

Prenons l'exemple de la redéfinition de votre image de marque, car c'est souvent la première chose qui est considérée comme une manière de faire en sorte qu'on ait une meilleure réputation.

Referez vous votre image pour qu'elle se conforme aux goûts du jour ?

Si on veut faire une transformation numérique, il faudrait commencer par savoir ce qui est vraiment une visée qui va dans le sens de ce que le numérique nous réserve pour l'avenir.

Autrement dit, il faut tenir compte de deux choses :

  1. la réalité est en train de changer,
  2. et nous voulons nous organiser pour faire partie de ce changement.

Sauf que, si on s'en tient à des effets de surface ou à des modes qui accompagnent ce changement, et qu'on se laisse guider par cela au lieu de nous organiser pour comprendre ce qui est en voie d'être transformé de manière plus profonde, on passe à côté de l'essentiel.

On confond le marketing avec la vision qu'on devrait avoir de soi-même et de son but

Exposé du paradoxe 

La quête de soi devrait primer sur la copie d'une image qui est valorisée

Le fait de chercher à bien cerner son identité est une bonne chose. Ce serait un gain d'une grande valeur pour quiconque, individu ou organisation, de pouvoir affirmer : «je me connais mieux aujourd'hui qu'hier».
Si, suite à cet effort d'introspection, on découvre que notre vocation dans la vie c'est d'être vendeur ou vendeuse, et qu'on n'apprécie rien autant que de convaincre des personnes d'acheter des objets dont ils n'ont pas besoin, on pourra bien prendre tous les moyens pour placer le client au cœur de nos préoccupations afin qu'il se sente important et décide pour s'en convaincre d'acheter nos produits.
Mais si un phénomène de mimétisme fait qu'on se calque sur les modèles qui foisonnent de personnes qui ont le sens du marketing ou qui ont développé des trucs imparables pour convaincre une personne n'aimant pas le jaune de s'acheter un kit de vaisselle jaune, alors on va devenir meilleur vendeur de vaisselle jaune. Mais ça ne nous aidera pas à construire une relation de confiance avec les personnes dont on aurait eu besoin comme alliées pour atteindre des objectifs qui sont vraiment significatifs.

Les stratégies de marketing se raffinent. Et la société de l'image dans laquelle nous sommes fait en sorte qu'il est facile de nous convaincre que si nous ne savons pas manipuler les images dans notre intérêt c'est comme si nous étions analphabète. Mais si nous ne savons pas quelle est notre véritable vocation, c'est pire. C'est comme si nous n'avions pas de nom.

Il n'est pas facile de découvrir quelle est sa véritable identité. Mais il est facile de se perdre en consacrant beaucoup d'énergie dans des domaines d'activité dont on essaie de se convaincre qu'ils sont ce qu'il nous faut parce que des messages nous entourant nous pressent de le croire.

D'où viennent les approches «agiles» et où nous mènent-elles ?

Les méthode de gestion de projets de programmation informatique visant à réduire la durée requise pour développer un nouveau logiciel afin d'arriver rapidement aux utilisateurs pour faire les ajustements en fonction des rétroactions qu'ils nous donnent ont conduit aux approches agiles qui visent à réduire le temps à documenter les opérations pour faire en sorte que les ajustements requis aux actions proviennent directement des retours d'expérience des utilisateurs. 

C'est en s'inspirant de ces méthodes que les nouvelles approches de gestion se rangent derrière ce que j'appelle «l'idéologie Agile». J'ai vu des personnes très intelligentes être convaincues de leurs bienfaits pour les avoir expérimentées.

Mais si notre but est de documenter les pratiques pour permettre à d'autres personnes de s'en inspirer afin de les réutiliser d'une autre façon, ce serait insensé d'appliquer aveuglément et contre notre intérêt la méthode dite «agile».

On dirait que de nos jours dès que quelqu'un découvre un truc qui lui permet de se considérer comme étant plus rusé que son voisin, car il a pu s'épargner de la peine, ou minimiser ses efforts, il s'en fait une gloire.

Mais devons-nous tous être des ingénieurs de processus ?

Le premier paradoxe est donc bien le suivant : on confond le marketing et la pensée «agiles» avec la vision qu'on devrait avoir de soi-même et de son but

Le paradoxe vient de ce qu'on s'aliène soi-même en s'imposant une idéologie qui est périmée, mais qui perdure parce qu'il n'y a pas une prise en compte assez profonde des transformations survenues depuis.
On intériorise donc les postulats du système en place, et on peut dire que cela a rapport au fait qu'on soit en contexte dit «numérique» justement parce que les meilleures méthodes pour arriver rapidement à un «minimum viable product» (produit minimum viable) sont ce qui a le vent en poupe. 
Du coup, en raison de la facilité que représente le fait de suivre le modèle dominant de ce qu'il convient de faire, on devient incapable de penser à ce qui constitue notre véritable identité et on se contente de se fabriquer une image de marque sur mesure pour les attentes présumées de nos clientèles cibles.
C'est prendre le problème complètement à l'envers. 

Explication du paradoxe

Ce premier paradoxe nous semble être lié au fait qu'il y a une certaine confusion relativement au sens ce qui est associé au numérique. S'il est vrai que le numérique est dynamisme et appelle une multiplicité des manifestations de l'être, et que les médiations sont centrales dans la définition du sens de ces processus qui permettent aux culture de générer des millions de nouvelles formes dans les différents genres artistiques et d'en inventer de nouveaux en hybridant ceux qui sont là ou les faisant collaborer avec originalité, à l'image de ce que la vie fait pour permettre à de nouvelles espèces d'apparaître,... il devrait y avoir une belle opportunité de ne pas nous renier nous-mêmes lorsqu'on conçoit un logo ou un slogan. 

Et les boites de communications qui montent des campagnes de publicité savent faire preuve de créativité.

Mais quand elles sont au service d'une vision où la personnalité de l'acteur à mettre de l'avant se réduit à des images stéréotypées de ce qui est attendu d'un bon commerce ou d'une bonne artisane, on passe à côté de l'occasion de vraiment mettre en valeur ce qui en a vraiment : soi-même et notre mission. Si on perd cela de vue, les efforts investis dans notre stratégie nous éloigneront de notre but. 

Bien entendu il faudra faire des efforts pour raccorder, en concevant notre rôle, les besoins du monde actuel et les atouts qui nous permettent d'espérer y contribuer positivement. Et si cela implique de changer de mission, ça peut se justifier. Quant à se changer soi-même, c'est plus délicat. Parfois il peut valoir la peine de polir les aspérités, pour faciliter les relation. Parfois il vaut mieux miser sur ses différences pour se démarquer, justement. Pourquoi ne pas essayer de faire les deux ? 

Comment éviter de se méprendre sur notre intention

La première chose à faire pour éviter la confusion est donc de bien identifier ce qu'on souhaite apporter à la société à travers les activités de notre organisation, en tenant compte de l'ensemble des changements qui sont en train de la façonner différemment par rapport à ce que nous en avons connu avant qu'internet arrive.

Pour celles et ceux qui n'ont pas connu cette époque, il peut valoir la peine de s'informer de la transformation induite par les médias élecroniques de première génération. Cela donnera une meilleure perspective sur la signification des changements constatés au plan du contexte.

Cela nous conduit vers le second paradoxe : le manque de connaissance du contexte. Car, pour arrimer notre intention à la réalité, encore faut-il bien connaître les principes qui gouvernent le monde actuel. Or si le numérique est notre culture, c'est aussi en un certain sens notre monde. La question sera donc : comment peut-on s'organiser pour mieux comprendre ce qui fait que le monde est tel qu'il est en tenant compte des impact des nouveaux médias électroniques, qu'on appelle les NTIC

Propriété fondamentale que cela nous laisse deviner : le dynamisme 

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Aller au second paradoxe : le manque de connaissance du contexte

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Intégré par Fabrice Marcoux, le 22 mai 2023 19:21
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enjeux philosophiques, culturelle, politique, valeurs, fondements, paradoxe

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Publication

22 mai 2023

Modification

11 juillet 2023 10:32

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