Bulletin n° 08 de veille bibliographique sur la mise en marché de proximité

Décembre 2019 – Janvier 2020

Bonne année à toutes et à tous.

Dans ce premier bulletin de l’année 2020 : les spécificités du rural étudiées à l’aune de la consommation de proximité ; la gouvernance alimentaire locale affaiblie par l’austérité mais aussi par des dissensions internes ; des tests comparatifs entre viandes achetées en épiceries et viandes achetées dans des marchés fermiers ; et l’exemple inspirant de la Lituanie qui a revisité ses cadres réglementaires agroalimentaires pour s’adapter aux circuits courts.

Nous vous souhaitons une excellente lecture

Promotion de l’achat local en milieu rural : où et comment rencontrer les consommateurs ?
L’intérêt pour les produits alimentaires locaux est souvent documenté comme étant un phénomène urbain, voire un phénomène touchant davantage certaines classes (aisées et éduquées) de consommateurs. Dans le monde rural, la faible densité de la population, des pratiques de consommation reposant sur l‘autoproduction ou des échanges non-marchands, à quoi s’ajoute parfois une méfiance vis-à-vis des modes urbaines, posent des défis différents et limitent les possibilités pour les agriculteurs en circuits courts de développer leur clientèle. Comment alors, dans un tel contexte, toucher les consommateurs ? Selon les auteurs de cet article, ce n’est pas une question de marketing, mais une question d’interconnaissance. Pour eux, il faut aller à la rencontre des consommateurs dans des lieux qui leur sont familiers, afin d’établir des relations de familiarité et de confiance.

Gouvernance alimentaire locale et austérité
Cet article étudie des facteurs qui renforcent ou limitent le développement d’un système alimentaire local. Le système étudié (en Angleterre) se place dans un contexte politique marqué à la fois par l’austérité et le rôle croissant des acteurs civils et des collectivités locales dans l’élaboration des politiques alimentaires. L’analyse souligne la variabilité des frontières du « local » et sa compatibilité avec le système alimentaire global. Ses contours sont au fond une construction sociale. Ce caractère non figé du « local » pourrait, selon les auteurs, être mis à profit pour élargir le marché des produits locaux. Cependant, tant le contexte politique global que les conflits locaux peuvent limiter le développement du mouvement en le privant de ressources et en minant l’authenticité de son projet.

Que goûte le bifteck des marchés fermiers ?
La recherche de produits goûteux est l’une des raisons évoquées par les consommateurs pour consommer local. Dans cette étude, les auteurs ont voulu caractériser certaines propriétés organoleptiques de la viande de bœuf collectée dans plusieurs marchés fermiers et, à des fins de comparaison, dans des épiceries au Texas. Les résultats montrent que malgré des performances comparables en matière de saveur et de jutosité de la viande, les viandes d’épicerie semblent plus tendres et présentent moins de variabilité que celles achetées sur les marchés fermiers.

Des normes sanitaires adaptées aux circuits courts. L’exemple de la Lituanie
Cet article relate comment la Lituanie, pays d’Europe de l’Est et membre de l’Union Européenne depuis 2004, d’abord opposée au soutien des petites fermes et des circuits courts, s’est mise à soutenir ces démarches en adaptant les normes d’hygiène et de sécurité des produits alimentaires pour mieux tenir compte des spécificités de ces circuits. Le revirement s’est opéré dès 2008 sous la pression populaire et un contexte de crise laitière puis financière. Ce sont surtout les grandes fermes, à la recherche de meilleurs débouchés, qui en ont profité. Les auteurs analysent ce changement en Lituanie comme l’expression des jeux de négociation de la légitimité des échelles de gouvernance (locale, nationale, supranationale ou mondiale) et de la position de la Lituanie dans l’espace européen.  

Cette veille bibliographique vous est offerte par le groupe de recherche Agriculture, territoires et développement de l’Université Laval avec le soutien du Partenariat canadien pour l’agriculture.   

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