Bulletin n° 05 de veille bibliographique sur la mise en marché de proximité


Juin-juillet 2019 


Évoquer les circuits courts alimentaires, c’est d’abord penser à la vente directe aux consommateurs, dont la vente à la ferme, les marchés publics et l’agriculture soutenue par la communauté, figurent parmi les formes les plus emblématiques. « L’élimination » des intermédiaires, a priori soupçonnés de prendre des marges excessives, est souvent présentée comme un des facteurs de succès des circuits courts.

Pourtant, la proximité recherchée par l’activation de la relation producteur-consommateur peut aussi faire intervenir des intermédiaires, que ceux-ci soient des prestataires en transformation, en logistique ou en distribution. Des exemples de ce lien plus « distendu » entre producteurs et consommateurs peuvent ainsi être retrouvés dans l’approvisionnement local des institutions (restaurants, écoles, etc.) ou des épiceries. Des formes plus innovantes apparaissent, comme les « food hubs » (organisations qui assurent l’agrégation de produits alimentaires locaux afin de les commercialiser et de les distribuer). Une grande enquête conduite par le ministère américain de l’agriculture (l’USDA) rappelle que l’importance économique de ces circuits de proximité est bien réelle et montre que si 34 % des ventes de produits locaux sont des ventes directes aux consommateurs, 66% passent par des circuits mobilisant des intermédiaires. Toutefois, on y retrouve moins de fermes impliquées et celles-ci sont typiquement des fermes moyennes, à la fois trop grosses pour ne faire que de la vente directe et pas assez pour ne passer que par les circuits longs conventionnels.

Dans ce bulletin, nous nous intéressons donc aux relations entre intermédiaires et agriculteurs dans la commercialisation de produits locaux. La parution récente d’un numéro spécial de « Renewable Agriculture and Food Systems », proposant plusieurs articles, dont une revue systématique de la littérature sur ce sujet, nous a fourni l’occasion de sélectionner quatre articles dans diverses revues qui proposent un panorama diversifié des enjeux de cette commercialisation s’appuyant sur des intermédiaires. Le premier présente une analyse des difficultés de commercialiser dans les marchés institutionnels. Le second s’intéresse à la vente directe par les agriculteurs à des transformateurs alimentaires de produits de spécialité. Le troisième propose une vision d’ensemble des relations avec divers intermédiaires (distributeurs, transformateurs, détaillants) dans un système alimentaire localisé. Le dernier enfin, explore l’Influence de la densité de la population et de la distance de la ferme aux points de vente, sur le choix de recourir à la vente directe ou à des intermédiaires.


Bonne lecture


Les défis des achats locaux institutionnels
Depuis longtemps, l’achat direct aux agriculteurs de produits alimentaires par les institutions telles que écoles, universités, hôpitaux, ou encore prisons, est vu comme un puissant moyen de soutenir le développement des circuits de proximité. Pourtant, pour de nombreuses raisons, ces marchés peinent encore à remplir leurs promesses. Cette recherche, réalisée aux États-Unis, fait le point sur les défis rencontrés par les agriculteurs en fruits et légumes pour approvisionner ces institutions.

L’industrie des produits de spécialité comme débouché pour les agriculteurs
Le marché des produits de spécialité s’accroit aux États-Unis. Nourri par les nouvelles préoccupations des consommateurs et encouragé par des mouvements comme le Slow Food, ce marché dépasserait même celui de la restauration rapide. Sur ce marché émergent, le caractère « local » des produits est très sollicité par les consommateurs. Les petites et moyennes fermes ont commencé à investir ce circuit comme fournisseurs d’ingrédients locaux aux transformateurs. Cette recherche pionnière étudie les défis et les potentialités de ce débouché.

Produits locaux et réseaux : rôle des intermédiaires
Les circuits courts et les mouvements de relocalisation de l’alimentation sont-ils capables de transformer l’ensemble du système alimentaire ? Pas sans les intermédiaires, si l’on en croit les résultats de cette recherche qui mobilise des méthodes adaptées à l’étude des interactions entre acteurs dans un système. Ses résultats remettent en question la possibilité pour les circuits courts d’avoir un impact significatif par la seule vente directe et suggèrent que les intermédiaires : restaurateurs, grossistes, épiciers et transformateurs jouent des rôles distincts, mais nécessaires et structurants dans un système alimentaire local.

Densité de population et choix des modes de commercialisation par les agriculteurs
Les choix que font les agriculteurs pour commercialiser leurs produits dépendent-ils de leur proximité avec les marchés de consommation ? Cette recherche menée aux États-Unis mesure plusieurs relations statistiques qui permettent aux auteurs d’identifier les modes de vente de produits locaux les plus utilisés selon la situation géographique des agriculteurs et d’identifier certaines barrières à la commercialisation de la production agricole locale.  

Cette veille bibliographique vous est offerte par le groupe de recherche Agriculture, territoires et développement de l’Université Laval avec le soutien du Partenariat canadien pour l’agriculture.

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Intégré par Anne-Sophie Thomas, le 5 novembre 2023 18:34
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1 juin 2019

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13 novembre 2023 14:31

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