Le rôle social et alimentaire des fermes à but non lucratif

Dans le vaste écosystème des systèmes alimentaires alternatifs, les fermes à but non lucratif (FBNL) occupent une place particulière en mettant l’accent sur des missions sociales variées, plutôt que sur le profit. Ces fermes ont été jusqu’ici très peu étudiées. Cet article explore le rôle que jouent les FBNL au sein de leur communauté aux États-Unis, s’intéresse à leur mode de gouvernance et analyse la place qu’elles occupent au sein des systèmes alimentaires alternatifs.

Les résultats de l’étude montrent que les FBNL remplissent des missions qui varient selon les besoins exprimés par leur communauté et sont en ce sens similaires aux organismes à but non lucratif (OBNL) des autres secteurs d’activités. Les missions des FBNL sont reliées à l’agriculture en général (dans 29% des cas), à l’éducation des jeunes ou de l’ensemble de la population (24%), au développement de systèmes alimentaires alternatifs (22%), au bien-être de la communauté (14%) et à l’environnement (11%). Plusieurs FBNL ciblent la préservation des terres agricoles comme mission première.

À la différence des autres OBNL, les FBNL ont besoin d’un plus grand budget pour couvrir les coûts reliés à l’administration et l’entretien du fond de terre. Leur mode de gouvernance est similaire aux OBNL : plusieurs membres forment le comité exécutif, un directeur et parfois un gérant de ferme ont la charge d’orchestrer et de consolider les opérations de la ferme et ses missions, et quelques travailleurs assument les tâches quotidiennes. En comparaison avec les fermes lucratives, la majorité des revenus des FBNL proviennent non pas de la vente de produits, mais de dons et de subventions. Les FBNL s’essayant dans la vente de paniers (ASC) peinent à compétitionner contre les fermes lucratives pour recruter des membres et sont donc souvent contraintes de cesser cette pratique. Les FBNL semblent plus présentes dans les régions qui ont connu une perte importante du nombre de fermes et dans les régions davantage urbanisées. L’étude montre qu’il n’existe pas de relation entre la présence de FBNL et la vitalité des alternatives alimentaires dans un territoire.

Les enseignements

L’accès aux ressources financières est le plus grand défi auquel doivent faire face les FBNL, puisqu’elles dépendent largement de dons et subventions. Il arrive d’ailleurs que les donateurs exercent une influence importante sur leurs missions et orientations, ce qui présente un risque si leurs intérêts l’emportent sur ceux des autres acteurs des systèmes alimentaires locaux. Les auteurs soulignent d’ailleurs que ces fermes ont parfois de la difficulté à concilier les besoins et attentes d’un public diversifié composé de donateurs fortunés, de familles ordinaires et de membres à faible revenu.

Au Québec, plusieurs organismes agricoles à but non lucratif sont en activité. Ces organismes peuvent opérer des fermes, mais aussi des incubateurs ou des motels agricoles. Un projet de développement animé par le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité est en cours, qui vise à accompagner le développement de l’économie sociale en agriculture et favoriser les échanges entre ces initiatives. L’article souligne d’ailleurs qu’une meilleure concertation a le potentiel d’améliorer leur visibilité et de multiplier l’impact des missions que chacune d’elles porte.

pdf N°29, fiche n°2 – octobre – novembre 2023

Rédaction : Marilou Ethier, Pascal Genest-Richard, Patrick Mundler

Ce bulletin vous est offert avec le soutien du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).