4.10. Un langage commun et un vocabulaire clair | Mémoire sur les communautés de pratique / résultats

ℹ️ Contexte 
Cette note fait partie du carnet "La communauté de pratique comme stratégie de transfert de connaissances dans le champ de l’innovation sociale", un mémoire qui propose un regard critique sur le déploiement de la démarche Passerelles 1 (2018-2022) et qui vise à identifier les conditions de succès et les facteurs à considérer pour ce type particulier de communautés de pratique (CdP).
Table des matières | Résumé | Références

Dans le champ de l’innovation sociale, plusieurs personnes travaillent avec des valeurs, des principes et des objectifs similaires. Cependant, elles agissent selon des perspectives, des cadres théoriques et des ancrages sectoriels qui sont variés. Les organisations qui agissent en action communautaire, en économie sociale, en environnement en culture ou dans le monde municipal, par exemple, peuvent travailler sur des enjeux connexes, tout en ayant des langages et des cadres de référence qui nécessitent parfois un travail de traduction et d’arrimages.

Les confusions sont parfois ténues, mais importantes à prendre en considération, par exemple quand vient le temps de comparer le développement des communautés, le développement social et le développement territorial. Les différences de vocabulaire sont parfois plus grandes entre des organisations de nature différentes, par exemple entre un ministère, un centre de recherche, un réseau sectoriel, une organisation de soutien, une municipalité, des porteur·euses de projet ou un groupe militant. Le milieu d’attache et l’échelle territoriale de l’intervention peuvent également influencer le vocabulaire utilisé.

Dans toutes les CdP étudiées (présentation des cas), cet aspect s’avère un enjeu. S’il n’est pas possible d’affirmer avec certitude que la difficulté à adopter un langage commun et un vocabulaire clair a un impact sur la vitalité de la CdP, il est néanmoins possible d’affirmer que cela demande des efforts supplémentaires pour créer un climat propice aux échanges. Le processus de réification s’en voit également affecté.

De plus, des tensions peuvent émerger s’il n’y a pas d’efforts consacrés pour rendre visible, reconnaître et discuter des perspectives politiques des membres, par exemple concernant le niveau de radicalisme, le rapport à la transformation sociale ou les stratégies d’action valorisées ou tolérées. Deux communautés peuvent par exemple travailler sur la transition écologique, mais avoir des perspectives différentes concernant les finalités, l’équité sociale, la biodiversité, l’énergie, les innovations technologiques, la décroissance, les stratégies de luttes, l’adaptation aux changements climatiques et la résilience des communautés ainsi que le rôle de l’état, des municipalités, des citoyen·nes et des entreprises. L’utilisation des termes, leur importance et le sens qui leur est donné sont susceptibles de générer une cohésion au sein du groupe, des tensions, une rupture entre les membres ou encore des alliances inédites. Dans tous les cas, la définition d’un langage commun et l’utilisation d’un vocabulaire clair contribuent à définir les zones possibles de collaboration interne ou externe, à identifier les défis potentiels et les sujets qui nécessiteront une attention particulière, et ultimement à définir l’identité du groupe.

Sur Passerelles, une section a été développée pour contribuer aux efforts de définition des termes, soit un lexique collaboratif. Contrairement à Wikipédia, où une communauté cherche à s’entendre sur une définition concertée, l’outil sur Passerelles permettait de publier une ou plusieurs définitions pour un même terme. Les personnes pouvaient ensuite consulter et comparer ces définitions, les commenter ou en proposer une nouvelle.

Ce lexique a été apprécié et a contribué à mieux comprendre la perspective des un·es et des autres. Comme évoqué dans les consultations à l’origine de Passerelles, les gens ne souhaitaient pas nécessairement amoindrir leurs différences et adopter des cadres communs. Ils souhaitaient être davantage en mesure de reconnaître et comprendre les autres perspectives, pour ensuite entrer en collaboration et s’engager dans des processus circulaires de co-construction de nouvelles connaissances en s’appuyant sur cette diversité. La collaboration s’appuierait ainsi davantage sur des enjeux partagés que sur des ancrages théoriques uniformisés.

Si un lexique collaboratif a pu y contribuer, à titre de référence partagée et évolutive, ce travail d’arrimage s’effectue surtout dans le travail d’animation et de collaboration. On pourrait même affirmer que dans certains cas, les personnes responsables de l’animation doivent effectuer un travail soutenu d’arrimage, de traduction, de courtage, de médiation et de mise en commun. Cela ne nécessite pas toujours une compréhension approfondie de la culture et du langage d’un groupe donné, mais demande une capacité à comprendre les différences de perspectives et demande une légitimité pour créer un dialogue et pour développer une confiance entre toutes les parties prenantes.

Suite : 4.11. Un rythme adéquat | Mémoire sur les communautés de pratique / résultats

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Intégré par Joël Nadeau, le 6 décembre 2023 10:26
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6 décembre 2023

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6 décembre 2023 17:39

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