Bulletin n° 10 de veille bibliographique sur la mise en marché de proximité

Avril-mai 2020

Chère lectrice, cher lecteur.

Notre bulletin précédent (il y a deux mois) avait été envoyé quelques jours après les mesures prises partout dans le monde pour lutter contre la pandémie de la Covid-19. Depuis, on a beaucoup parlé de sécurité alimentaire, d’autonomie, de souveraineté, … et du rôle que peuvent jouer les circuits courts dans la résilience de notre système alimentaire. Mais pour de nombreux observateurs, le problème est plus vaste et la crise que nous traversons doit être aussi l’occasion de repenser notre rapport à l’environnement afin de mieux protéger les ressources, le climat et la biodiversité. Les circuits courts portent l’image de produits plus frais, plus goûteux, plus locaux. Ils valorisent des relations commerciales de proximité qui apparaissent plus équilibrées et plus sociales. Et ils sont aussi souvent présentés comme étant a priori meilleurs pour l’environnement. Mais que sait-on au fond de leur bilan environnemental ? Depuis longtemps, les chercheurs proposent des réponses nuancées, voire contrastées sur ces questions et les articles choisis pour ce bulletin éclairent diverses facettes des recherches récentes effectuées sur ce thème.

Excellente lecture 

Circuits courts alimentaires et pesticides. Ce que disent les statistiques du recensement agricole aux États-Unis
La popularité croissante des circuits courts alimentaires est-elle associée à une agriculture moins utilisatrice de pesticides? C’est ce que suggère cet article, qui utilise les données du recensement agricole aux États-Unis concernant l’évolution des dépenses en pesticides, le nombre de fermes en circuits courts ou le marché total que ces circuits représentent, de 1997 à 2012. L’auteur constate toutefois qu’avec le temps, cette relation semble s’affaiblir, ce qui l’amène à se questionner sur un possible changement d’orientation dans le mouvement, qui serait de moins en moins attaché aux valeurs environnementales défendues à ses débuts. 

L’alimentation locale est-elle plus écolo ? Un cas d’étude en Colombie-Britannique
Produits alimentaires locaux ou importés, qu’est-ce qui est mieux pour l’environnement? Cet article utilise quatre indicateurs pour étudier la question dans le cas du système alimentaire d’une région de la Colombie-Britannique : la pression foncière, l’empreinte eau, l’empreinte carbone et l’empreinte écologique. Les résultats indiquent que l’alimentation dans cette région repose principalement sur des produits importés. En outre, sur une quarantaine de produits analysés, seulement huit présentent, pour tous ou presque tous les indicateurs, un avantage environnemental lorsque produit localement. Quant aux tendances de production et de consommation dans la région, elles semblent favoriser les produits les moins écologiques et sous-exploiter le potentiel offert par les produits locaux ayant un avantage écologique.  

Le rôle des relations sociales dans la durabilité environnementale des circuits courts alimentaires
Les interactions entre consommateurs et producteurs dans les marchés fermiers, à côté d’autres facteurs (signaux de marché, motivations individuelles), influencent les pratiques agroenvironnementales (notamment en matière d’usage des pesticides et de gestion de la fertilité des sols) à la fois sur le court terme et le long terme. C’est ce que conclut cette étude à partir d’un cas à New York.

Agriculture numérique et circuits courts. Quelle compatibilité ?
L’agriculture numérique (ou agriculture intelligente) pourrait, selon certains observateurs, constituer la prochaine révolution agricole. Dans quelle mesure pourrait-elle transformer les circuits courts alimentaires ? Selon cette étude, la perspective de « circuits courts intelligents » risque d’être reçue avec circonspection par les agriculteurs et les consommateurs, du fait de certaines incompatibilités entre ces technologies, le travail agricole en circuits courts et les valeurs portées par les parties prenantes.  

Cette veille bibliographique vous est offerte par le groupe de recherche Agriculture, territoires et développement de l’Université Laval avec le soutien du Partenariat canadien pour l’agriculture.

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