Bulletin n° 09 de veille bibliographique sur la mise en marché de proximité

Février-mars 2020

Il y a quelque chose d’étrange à vous envoyer ce bulletin bimestriel dans les circonstances que nous connaissons. Les interrogations concernant la fragilité de notre système alimentaire se font aujourd’hui plus pressantes. Les circuits de proximité sortiront-ils renforcés par cet épisode ? Les nouvelles qui nous parviennent sont contradictoires, entre accroissement des commandes pour certaines fermes et graves difficultés pour d’autres du fait de la fermeture des restaurants ou, comme en Colombie-Britannique, des marchés fermiers intérieurs. N’hésitez pas, sur ce point, à nous faire part de vos observations.

Il se trouve que c’est ce mois aussi, que nous avons diffusé les premiers résultats d’une grande enquête que nous avons conduite en 2019 auprès des agriculteurs en circuits courts dans tout le Canada. Il s’agit de la première enquête de ce genre au pays. Un peu plus de 900 agriculteurs et agricultrices ont eu la gentillesse de nous répondre, dont 342 au Québec. Ces résultats sont disponibles en français en en anglais.

Enfin nous vous avions sollicité/es en février pour recueillir votre avis sur ce bulletin de veille bimestriel. Merci encore à celles et ceux qui ont pris quelques minutes pour nous répondre. La synthèse des résultats de ce petit sondage est disponible ici. Comme vous le verrez, nous avons essayé d’alléger un peu la forme des fiches. Nous espérons que la nouvelle maquette vous plaira.

Au menu de ce 9ème bulletin : l’hybridation parfois difficile entre circuits conventionnels et circuits alternatifs ; le potentiel des médias sociaux pour le développement des circuits courts ; une enquête sur l’influence que jouent les conjoints et l’ambiance au sein des ménages sur l’abonnement à un panier ; et une réflexion sur la capacité d’une forme de consommation engagée à améliorer la situation économique de ses fournisseurs.

Excellente lecture 

Du débat autour des caractéristiques du « local ». L’exemple de l’Alberta Flavour Learning Lab
Le lien souvent établi entre la provenance locale des produits agricoles et la durabilité des systèmes alimentaires reste constamment questionné. S’en tenir à la provenance locale ne dit rien, ni des relations sociales au sein du système, ni de la qualité des pratiques d’un point de vue environnemental, ni même d’une éventuelle répartition plus juste de la valeur entre les acteurs. Afin de créer un concept qui qualifie mieux les attentes à propos de la relocalisation des systèmes alimentaires, plusieurs auteurs anglo-saxons s’appuient sur le concept de « place-based food », qui enrichit la notion de « local » en dépassant la seule provenance pour tenir compte de la nature des dynamiques sociales et économiques propres à ces systèmes.  Cet article, à travers l’exemple d’un réseau d’acteurs hétéroclite en Alberta, analyse les avantages et les difficultés de la promotion de l’achat local institutionnel des aliments lorsque des acteurs, des pratiques et des discours issus du système alimentaire conventionnel s’y invitent ou y sont accueillis.

À la conquête du consommateur 4.0. Circuits courts alimentaires et commerce en ligne via les médias sociaux
Le commerce électronique est un secteur qui croit rapidement en Amérique du Nord et dans le monde en général. De plus en plus de consommateurs y ont recours, sporadiquement ou régulièrement. Si la part des ventes alimentaires dans l’épicerie en ligne reste faible, elle est également en croissance. Au Canada, cette part, proche de 1% en 2018, devrait doubler ou même tripler d’ici 2023. En même temps, le développement des médias sociaux -comme Facebook ou Instagram- rend possible de nouvelles interactions et rétroactions entre les acheteurs et avec les vendeurs. Les médias sociaux, par les échanges qu’ils permettent, pourraient-ils être une voie de développement  pour les producteurs en circuits courts souhaitant investir la vente en ligne? Qu’en pensent les consommateurs eux-mêmes? C’est ce qu’explore cette recherche qualitative menée en Espagne.

L’abonnement aux systèmes de paniers : une affaire de famille ?
Comment les conjoint/es influencent-ils (elles) l’abonnement à un système de paniers ? Les auteurs de cet article identifient trois types de relations, selon qu’elles se basent sur la coopération et le partage des responsabilités de chaque membre du couple, sur une délégation bienveillante à la personne abonnée de la part du conjoint ou de la conjointe demeurant dans un rôle secondaire, ou sur le conflit et la difficulté de trouver des compromis. Au cœur de ces dynamiques se retrouvent certaines spécificités des systèmes d’ASC (imprévisibilité du contenu des paniers et de leur composition, partage du risque entre consommateurs et producteurs) qui sont diversement vécues au sein des ménages concernés.

Les groupes d’achat solidaires en Italie. Entre bonnes intentions et impacts réels
Le poids écrasant de quelques grandes chaînes de distribution alimentaire est régulièrement dénoncé à cause du pouvoir qu’acquièrent ces acteurs et des rapports de force qu’ils peuvent imposer tant à leurs fournisseurs, qu’à leurs clients. De ce point de vue, les circuits de proximité, quels qu’ils soient, sont des systèmes qui tentent de s’affranchir de cette domination en créant des modalités alternatives d’approvisionnement alimentaire. Ces systèmes parviennent-ils pour autant à rééquilibrer les pouvoirs et la répartition de la valeur ?  Cet article étudie le cas des groupes d’achat solidaire (les GAS) très populaires en Italie. Les auteurs s’intéressent plus particulièrement aux producteurs et artisans qui approvisionnent les GAS. Ils montrent que si les GAS favorisent la confiance et l’autonomie, ils peinent à améliorer la situation économique de leurs fournisseurs.

Cette veille bibliographique vous est offerte par le groupe de recherche Agriculture, territoires et développement de l’Université Laval avec le soutien du Partenariat canadien pour l’agriculture.

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