note Note générale

4.7. Un accompagnement et un soutien adéquats | Mémoire sur les communautés de pratique / résultats

ℹ️ Contexte
Cette note fait partie du carnet "La communauté de pratique comme stratégie de transfert de connaissances dans le champ de l’innovation sociale", un mémoire qui propose un regard critique sur le déploiement de la démarche Passerelles 1 (2018-2022) et qui vise à identifier les conditions de succès et les facteurs à considérer pour ce type particulier de communautés de pratique (CdP).
Table des matières | Résumé | Références

Si la littérature scientifique traite peu de cette condition de succès, l’expérience de Passerelles laisse croire qu’elle est pourtant essentielle et déterminante dans plusieurs contextes. Si le soutien à la conception est important, comme précédemment évoqué, cet accompagnement reste déterminant à toutes les étapes et particulièrement en ce qui concerne le démarrage des activités du groupe, l’animation des échanges entre les membres et la constitution d’un répertoire partagé.

Ça semble particulièrement vrai concernant les CdP dans le contexte ici étudié (présentation des cas), alors que l’animation était souvent prise en charge par un des membres du groupe qui ne possédait pas nécessairement l’expérience et les compétences nécessaires pour ce type de rôle, ou du moins qui n’exprimait pas un sentiment de compétence en animation. De plus, comme nous venons de le voir, ces projets émergeaient de constats embryonnaires et nécessitaient un travail de validation et de conception pour lequel un soutien externe pour être aidant.

Il n’y a pas eu de soutien externe pour les CdP 1 et 2, étant donné qu’elles étaient déjà prises en charge par l’équipe Passerelles. Les quatre autres ont bénéficié d’un tel soutien, qui s’est manifesté par quelques rencontres en vidéoconférence et des échanges par courriels. Le guide sur la conception des CdP, produit par l’équipe Passerelles et présenté en annexe, leur a été fourni et les questions qui y étaient énumérées ont contribué à des discussions portant sur les fondements du groupe. Dans les CdP 3, 4 et 6, des présentations sur le concept de CdP ont été réalisées auprès d’un groupe ciblé de membres potentiels. Les responsables de l’animation se sont également inscrits à une CdP sur l’animation présente sur Passerelles et animée par l’équipe de Passerelles.

Ce soutien a été apprécié et les responsables de l’animation estimaient que l’accompagnement a contribué à la définition du projet et à son démarrage. Cependant, du point de vue de l’équipe de Passerelles, cet accompagnement n’a pas été suffisant et il aurait pu être davantage soutenu, notamment pour l’analyse du contexte, pour la validation des besoins, pour la mobilisation initiale des membres et pour le démarrage des activités.

Un accompagnement peut générer un effet levier sur de multiples conditions de succès d’une CdP, mais ce soutien ne peut cependant pas couvrir tous les aspects. Le travail pour accroître la culture de collaboration et la reconnaissance de ce type de démarche, par exemple, doit faire l’objet d’une démarche plus générale, plus large et portée par de multiples acteur·trices qui agissent de manière concertée.

Notons que le soutien a par ailleurs fait émerger de nouveaux besoins d’outils méthodologiques, notamment pour la captation des apprentissages découlant des initiatives menées sur le terrain et découlant des échanges au sein de la communauté (CdP 3), pour l’organisation des connaissances dans l’objectif de faciliter leur repérage (CdP 3, 4 et 5) et les stratégies de veille et de curation (CdP 5). Le guide sur la conception des CdP semble avoir été utile et des besoins ont été exprimés pour des guides sur l’animation et sur l’évaluation des CdP. Certaines personnes ont exprimé des besoins pour des outils de promotion de leur CdP ainsi que pour développer des argumentaires auprès des bailleurs de fonds pour obtenir des ressources nécessaires au fonctionnement de leur CdP.

Si l’équipe a réalisé des webinaires sur la conception et l’animation des CdP, ce type d’approche semble avoir des effets limités. Ces événements publics semblent utiles pour des besoins de sensibilisation et d’initiation au concept des CdP, mais en ce qui concerne la conception et l’animation, une approche personnalisée semble préférable. Ceci s’explique par la complexité et le contexte unique de chaque CdP, qui génèrent des besoins de soutien spécifiques et personnalisés.

Finalement, il est possible de constater que le soutien devrait être offert sur une plus longue période, puisque plusieurs phases de développement des CdP nécessitent une telle expertise externe, idéalement par une personne avec qui un lien de confiance existe et qui a une connaissance fine du contexte de la démarche collaborative qui se met en place. Cette relation de confiance entre la personne responsable de l’animation et l’accompagnateur·trice, nécessaire pour générer un réel travail de co-construction, peut prendre du temps à se développer. De plus, comme un projet de CdP est susceptible de se transformer au fil du temps, et plus particulièrement dans les premières étapes avant que la CdP atteigne sa phase de maturité, un accompagnement soutenu et dans la durée peut avoir un effet plus structurant.

Les organisations ou les responsables qui demandent un soutien s’attendent généralement à des résultats rapides et sur un calendrier prédéfini, alors que la mise en place d’une CdP prend du temps est peut être influencée par de multiples facteurs internes et externes qui sont difficiles ou impossibles à prévoir. Si le soutien est ponctuel et délimité dans le temps, il est possible que ces aléas ne soient pas pris en considération et que les effets bénéfiques de l’accompagnement restent limités. C’est ce qui a été observable dans les cas étudiés, notamment lorsque plusieurs organisations ayant des agendas différents sont impliquées.