Qu'est-ce que je retiens de l'année 2023 à Projet collectif?

Voici 12 souvenirs qui vous transporteront à différents moments de mon année 2023 à Projet collectif. Cela n'est ni une sélection des moments les plus importants, ni une synthèse des faits saillants de l'année, mais plutôt un tableau impressionniste visant à transmettre quelques moments marquants et réflexions personnelles. N'hésitez pas à m'écrire si vous aimez la forme et aimeriez que je répète l'exercice l'année prochaine!

Cette note s'inscrit dans le contexte du rapport annuel 2023 de Projet collectif. Par ailleurs, je l'inscris également dans une série dans laquelle j'explore des questions qui m'habitent, et pour lesquelles je n'ai pas nécessairement de réponse.

Illustration: Marc Larivière

 

🧦 Janvier

3 janvier, Montréal, dans mon bureau à la maison.

Il fait froid, la ville est calme. Partout au Québec, on se remet des festivités de fin d’année et on réfléchit à ses résolutions. Je suis pour ma part officiellement en vacances. Dans mon agenda, toute la semaine est marquée comme «journées pyjama». 

Pyjama ou pas, je sais que ce ne sera pas une semaine de vacances totales car je dois prendre un peu de temps pour finaliser notre dossier de réponse à l’appel d’offres du Ministère de la Culture et des Communications pour la coordination du Réseau des agents de développement culturel numérique (RADN). Ça fait longtemps que je côtoie les «ADN», ces professionnelle·es chargé·es d'accompagner la transformation numérique du secteur des arts et de la culture. La perspective que notre équipe puisse jouer un rôle dans l’évolution de ce réseau me motive au plus haut point. Je suis aussi très excité par notre partenariat avec Sporobole et par la super équipe qu’on a rassemblé et qui pourra joindre Projet collectif si on remporte l'appel d'offres (spoiler alert: on l'a remporté!).

Malgré tout, je ne suis pas très fier de laisser le travail déborder pendant les vacances. Je vais devoir faire attention à cela cette année...

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🛼 Février

20 février, sur Zoom.

Dans moins de deux mois, nous mettrons en ligne la version «bêta» des plateformes En commun. C’est un énorme dossier, piloté de main de maître par mon codirecteur Joël, et sur lequel nous travaillons depuis des années. Il y a la nouvelle version de Passerelles, une plateforme pour les communautés de pratique, ainsi que Praxis, une toute nouvelle plateforme d'accès aux savoirs qui me garde éveillé la nuit tellement elle me passionne!

C’est dans ce contexte de fébrilité que le 20 février se tient le second «Midi En commun», nos séances d’information mensuelles destinées à présenter l’avancement du projet. Le mois dernier, plus de 350 personnes ont participé!

Je suis très fier du chemin parcouru, du travail de toute l’équipe, et je me réjouis de sentir qu’une communauté se crée peu à peu autour de Projet collectif et de nos projets. Ces plateformes ne suffiront pas, et cela la prendra du temps, mais je sens qu'elles ont le potentiel de constituer une infrastructure numérique importante pour que notre société travaille davantage de manière collaborative et ouverte afin d'adresser les enjeux sociaux, environnementaux et économiques actuels et futurs.

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☕ Mars

31 mars, Montréal, au Café Orr

Photo: Café Orr

Ce matin, ma nouvelle collègue Véronique et moi nous donnons rendez-vous au Café Orr, un très sympathique lieu que je fréquente depuis longtemps et qui se trouve à peu à près à mi-chemin entre chez elle et chez moi. Nous nous installons dans un coin, derrière la plante, ce qui devriendra «notre spot».

Véronique est notre toute nouvelle éditrice de savoirs ouverts à Projet collectif — la première! C’est elle qui coordonne et anime la cohorte de co-apprentissage en édition de savoirs ouverts.

Nous passons l’avant-midi à faire le point sur la cohorte, et je suis tellement heureux de constater à quel point ma nouvelle collègue est passionnée et compétente dans ce rôle! Elle m’apprends déjà plein de choses sur l’édition, la justice épistémique, l’accessibilité éditoriale, et j’en passe.

Dans la discussion vient l’idée que l’on pourrait organiser un grand événement à l’automne pour rassembler un plus large public autour ces questions. Déjà, on réfléchit à quoi pourrait ressembler cette Journée des savoirs ouverts, et on a l’idée de créer des petits «glimmers» pour en faire un événement qui sort des sentiers battus. On a bien hâte de soumettre l'idée à l'équipe! C’est dans ce contexte qu’émerge d’ailleurs un projet 100% secret 🤫.

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🌿 Avril

11 avril, Drummondville, au Rose Café.

Depuis le début de l’année, nous avons eu l’immense joie d’accueillir plein de nouvelles collègues dans l’équipe: Véronique, Maryse, Rémi, Frédérique et Marie-Hélène. Bientôt, nous accueillerons également Samantha, ainsi que Anne-Sophie, Emily, Léonie et Sophie comme employées d'été. 

Le 11 avril, nous nous retrouvons tou·tes (sauf Rémi qui vit en Espagne) pour une journée d’équipe au Rose Drummond, un café-boutique-serre-fleuriste. Nous sommes heureux d'enfin nous retrouver en personne pour vivre «en vrai» notre nouvelle dynamique d’équipe.

C'est une journée très agréable, riche en discussions et 100% analogique… à l'exception de quelques communications nécessaires de Joël avec notre équipe technique, car les plateformes En commun seraient déployées demain!

La journée permet de se mettre au diapason, de parler des différents projets qui sont sur la table à dessin, et d’ouvrir sur des perspectives pour l’avenir. C'est notamment l’occasion de parler du RADN, de la Journée des savoirs ouverts, des Milieux ouverts, ainsi que de projets plus long-terme comme le Réseau d’aiguillage et Panoplie.

Je sens beaucoup d’enthousiasme devant le potentiel de Projet collectif dans les prochaines années, mais cela fait aussi beaucoup d’informations et de réflexions pour quelques heures dans une serre très chaude! Ce sera important de prioriser collectivement nos actions et de demeurer réaliste quant à nos capacités, sans toutefois s’empêcher de rêver et d’explorer. À suivre lors notre lac-à-l’épaule en juin!

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👣 Mai

3-4 mai, à travers Montréal.

Je prendrai le temps, un jour, de partager en plus de détail mon expérience et toute mon appréciation pour le modèle de la codirection générale, que j'expérimente pour la première fois à Projet collectif. Quelle joie de partager ce rôle avec Joël, une personne de vision, de conviction et d'action, aux qualités humaines profondes.

Au fil du temps, Joël et moi nous sommes doté d'un système bien rodé de «topos» virtuels tous les deux jours afin de discuter des affaires courantes. En complément, tous les deux mois environ, nous tentons de nous voir en personne à Saint-Camille où à Montréal pour prendre du recul et avoir des discussions plus exploratoires. Des moments précieux qui permettent de partager notre lecture de différents signaux, d'explorer des idées nouvelles et de partager des réflexions qui ont pu émerger au gré de discussions avec des membres de l'équipe ou de notre communauté.

Les 3 et 4 mai 2023 sont un de ces moments. Nous avons noté sur une feuille environ 20 sujets de discussion de fonds, et pendant deux jours, avec cette simple feuille pliée en poche, nous parcourons la ville et cochons un par un les items de la liste.

Au Café les Oubliettes, nous abordons quelques sujets plus immédiats par rapport à l'équipe, nos projets en cours, l'assemblée générale à venir, etc.

En marchant sur le boulevard Saint-Laurent, nous défrichons quelques éléments de vision long-terme par rapport au RADN. Nous nous permettons de rever à un futur réseau d'agents de développement numérique intersectoriel qui pourrait soutenir les organismes de tous les secteurs. Une idée attrayante quoique complexe à mettre en oeuvre.

En marchant dans le Parc Lafontaine, nous explorons différents scénarios liés à l'architecture et à l'expérience utilisateur des plateformes En commun. Comment clarifier l'unicité de chacune des plateformes tout en explorant tout le potentiel de leur interconnexion? Quand et comment prioriser une éventuelle troisième plateforme visant à ressembler l'information événementielle?

En soirée, au Darling, nous discutons jusqu'à très tard de la gouvernance de Projet collectif. Quelle forme pourrait prendre une instance visant à nous alimenter sur les besoins prioritaires en matière de soutien à la collaboration et à la mobilisation des savoirs dans la société?

Plus tard, chez moi, pour un dernier verre, nous explorons une idée encore plus expérimentale et long-terme: comment pourrions-nous soutenir des résidences de transformation sociale dans une approche inspirée des résidences d'artistes et de l'effervescence de la belle époque de l'ONF?

Même si plusieurs de ces discussions ne mènent pas à des actions immédiates, elles permettent d'aligner nos visions et de faire avancer ensemble des réflexions. Elles permettent aussi de consolider notre relation et de stimuler notre passion et notre ambition commune pour la mission que l'on porte ensemble.

 

🎤 Juin

15 juin, sous l'escalier qui mène vers le sous-sol de la Grande bibliothèque, Montréal.

Panoplie vise à démocratiser les savoirs manuels. Photo: Kato Blackmore, Unsplash (CC)

Marilyne S. Veilleux et moi sommes un peu nerveux, mais confiants. Nous avons trouvé un petit coin discret où nous pratiquons une dernière fois notre texte avant d'entrer sur la scène de l'auditorium de la Grande bibliothèque, où nous devons faire un «pitch de projet» à l'occasion de l'Audace des possibles, un événement annuel organisé par Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) autour de la société apprenante.

Marilyne et moi sommes des collègues et «ami·es du milieu» de longue date. Elle est brillante, engagée et c'est aussi une des personnes les plus drôles que je connaisse. Nous sommes tous les deux bibliothécaires, ayant étudié à l'École de bibliothéconomie et des sciences de l'information (EBSI) à une année d'écart. Nous avons ensuite eu l'occasion de travailler ensemble pendant quelques années, où nous avons notamment accompagné comme consultant·es de nombreux projets de bibliothèques à travers le Québec.

Nos chemins se croisent moins souvent depuis le déménagement de Marilyne à Québec, où elle occupe aujourd'hui le rôle de Coordonnatrice des programmes de littératie aux Bibliothèques de Québec. J'étais donc bien heureux de la retrouver parmi les personnes issues des milieux documentaires que BAnQ avait invitées à l'occasion de l'Audace des possibles. Notre mission était de présenter des projets innovants et inspirants devant un jury de mentors réunis par BAnQ.

Marilyne et moi, au nom de nos organisations, avons élaboré ensemble le projet Panoplie, un programme visant à valoriser le développement des savoirs manuels en facilitant l’accès à des ateliers d’initiation tels que la menuiserie, la mécanique, la plomberie, la coiffure, etc. Notre vision est d'en faire un programme panquébécois, en partenariat avec les bibliothèques publiques, les écoles professionnelles et les organismes d'éducation populaire. Un projet ambitieux qui reçoit de très bons échos de la part des mentors et des personnes présentes.

Même si le projet ne pourra probablement pas être initié très rapidement étant donné l'ensemble des projets à prioriser de part et d'autres (autant à Projet collectif qu'aux Bibliothèques de Québec), le ballon de sonde que nous venons de lancer démontre qu'il y a de l'appétit pour des projets visant à démocratiser les savoirs manuels. Un projet à maintenir dans nos intentions moyen-long-terme.

Par ailleurs, tout au long de cette journée, c'est un immense plaisir de pouvoir revoir plein de collègues bibliothécaires. Je réalise que mon propre cheminement professionnel, ainsi que la pandémie, m'ont éloigné de cette communauté professionnelle dans laquelle je me suis beaucoup engagé et dans laquelle j'ai longtemps évolué. Je quitte cette journée ravi, avec le souhait que Projet collectif se rapproche encore davantage du milieu des bibliothèques et des archives, avec qui nous partagons la même grande mission d'accès universel aux savoirs et à la culture.

👓 À lire

 

☀️ Juillet

28 juillet, dans les jardins de la Cité-des-Hospitalières, Montréal

Imaginez-nous assis à cette table, sous le soleil de juillet. Photo: Les Ateliers d'Antoine.

C'est la fin juillet à Montréal, il fait beau et chaud, et ça sent les vacances. Joël est en ville, et nous avons été invités à discuter avec nos amis et comparses FX Michaux et Pascal Grenier, qui souhaitent nous parler d'une initiative panquéboise sur laquelle ils travaillent depuis quelques mois, et qui prendra éventuellement le nom de Multitudes.

Nous nous connaissons tous très bien. C'est donc de manière très amicale et informelle que nous nous retrouvons dans les jardins de la Cité-des-Hospitalières, où Transition en Commun (que FX coordonne) a ses bureaux. Nous sommes installés sur une des tables à pique-nique sous un arbre. FX nous raconte que ces tables ont été construites par les Ateliers d'Antoine, une entreprise d'insertion.  

FX et Pascal travaillent avec quelques autres personnes à l'émergence d'un mouvement social autour de la transition socio-écologique. Ce mouvement d'envergure panquéboise se veut ancré dans les territoires, dans l'esprit d'alliances entre la société civile et les collectivités territoriales. Nous discutons quelques heures de cette initiative et des contributions que Projet collectif pourrait y apporter, notamment autour de la question des savoirs.

Par ailleurs, nous sommes bien conscients que ce jour-là notre petit groupe est un peu gênant — quatre hommes blancs privilégiés qui parlent de l'émergence d'un mouvement qui se veut très large, inclusif et diversifié. Heureusement, les personnes qui réfléchissent Multitudes ont très à coeur la pluralité des voix qui s'y retrouveront et la configuration très homogène de notre groupe cette journée-là ne devrait pas être la norme.

Je me fais la remarque qu'on ne parle sans doute pas assez de l'importance des relations humaines dans le fonctionnement de la société. Si des personnes peuvent en toute simplicité et en toute confiance explorer des collaborations sous un soleil de juillet, c'est en grande partie en s'appuyant sur la qualité des relations qu'elles ont nourries entre elles au fil des années. Il y a là quelque chose de très beau et de foncièrement positif: les liens de confiance, voire d'amitié, entre les personnes ne peuvent que créer une société plus forte et résiliente. Le revers de la médaille de ce phénomène est qu'il peut contribuer à recréer des chambres d'échos et des configurations qui peinent à atteindre une réelle diversité des perspectives et inclusion des voix.

Ça me fait penser au concept de reliance que ma collègue Marie-Soleil m'a appris lors de notre premier lac-à-l'épaule en 2021. En misant sur la reliance entre les personnes, on contribue à la réslience et à l'encapacitation des communautés. À Projet collectif, on tente de briser les silos organisationnels, sectoriels et régionaux, notamment en soutenant des projets de communautés de pratique. En plus de répondre aux besoins immédiats des personnes qui joignent ces communautés, il est bien de se rappeler qu'à travers ces projets, on agit aussi plus largement sur la reliance entre les personnes dans la société. Je me fais la remarque qu'il est d'autant important de concevoir ces espaces de collaboration en plaçant les questions de diversité et d'inclusion au coeur de nos réflexions.

Je quitte les jardins de la Cité-des-Hospitalières les idées plein la tête, et très motivé par tout ce qui se dessine à l'horizon. Mais dans l'immédiat, c'est l'heure des vacances.

👓 À lire

 

🏊‍♂️ Août

Laurentides, Lanaudière, Estrie, Montréal

De belles vacances qui font du bien. Quelques semaines de bon temps en couple, en famille, entre ami·es, à Montréal, mais aussi en pleine nature, dans quelques régions du Québec. J'ai aussi consacré une partie importante de ces vacances au Parc Laurier, dans une alternance de lecture, d'écriture et de baignade. Le bonheur!

 

🤩 Septembre

19 septembre, 18h30, sur Teams

Teddy, un adorable chien que nous gardons cette semaine, est étendu à mes pieds. Il est 18h30 et la journée est bien remplie. Cet après-midi se tenait une rencontre de notre conseil d'administration, et comme toujours, nous avions beaucoup d'échanges et de dossiers à couvrir en quelques heures. Comme co-DG, les rencontres de CA sont toujours des jalons importants qui marquent le rythme de l'année, car plusieurs dossiers convergent à ces moments.

Il est très rare que je travaille en soirée, mais aujourd'hui fait exception car il est prévu que je rencontre les étudiant·es du cours de maîtrise «Projet intégrateur en environnement» enseigné par Frédéric Dufault à l'Université de Sherbrooke. Cette intervention s'inscrit dans le cadre d'un très motivant partenariat qui démarre avec la Clinique en environnement de l'université.

Je vois un grand potentiel derrière ce projet. Chaque année, à l'Université de Sherbrooke, environ 60 groupes d'étudiant·es en environnement réalisent des projets d'envergure en réponse à des besoins réels formulés par des municipalités, institutions et entreprises du Québec. Ce faisant, ils et elles génèrent de précieux savoirs pratiques et concrets, validés par les expert·es de l'université: calculateurs d'émissions GES, plans d'action en économie circulaire, politiques de développement durable, etc. Et ce, depuis 20 ans. Des centaines, voire des milliers de ressources qui sont demeurées complètement innaccessibles alors qu'elles auraient pu bénéficier aux municipalités, institutions et entreprises du Québec.

Notre rôle est d'accompagner l'université dans la «libération des savoirs» produits par ces étudiant·es en environnement. La méthode est assez directe et ne devrait pas demander davantage de travail aux principaux·ales concerné·es. Nous avons réfléchi au projet tout au long de l'été avec Karine Vézina, coordonnatrice de la Clinique en environnement, et nous avons en elle une incroyable ambassadrice et alliée. 

Ce soir-là, j'invite les étudiant·es à adopter une posture de savoirs ouverts. Tout au long de leur projet, ils et elles auront à distinguer avec intention les savoirs partageables (puisque non-sensibles et d'utilité pour d'autres), des savoirs non-partageables (puisque confidentiels, stratégiques, sensibles ou peu utiles à partager). En étant ainsi découplés, les savoirs partageables pourront facilement être versés en licence libre dans une base de connaissances ouverte et accessibles à l'ensemble du Québec. Cette base de connaissances s'enrichira d'année en année et deviendra peu à peu une ressource incontournable de savoirs pratiques et d'outils pour les organisations en matière d'environnement.

En présentant le projet aux étudiant·es, je vois des étoiles s'allumer dans les yeux de plusieurs personnes, lorsqu'elles comprennent que leur travail aura une portée et une utilité beaucoup plus grande que ce qu'elles croyaient.

C'est à ce moment que je réalise à quel point l'ouverture des savoirs, en plus de bénéficier à la société, peut être vecteur de sens et de motivation pour les personnes productrices de savoirs elles-mêmes. 

Suite à cette rencontre, et plus tard en marchant avec Teddy, je prends un moment pour réaliser l'ampleur de cette réalisation, et le privilège que j'ai de moi-même avoir un travail qui me procure autant de sens.

👓 À lire

 

🐱 Octobre

17 octobre, 10h, sur Zoom

Montage : Véronique Larose

Depuis déjà plusieurs mois, nous commençons nos rencontre hebodmadaires d'équipe par des «Comment chat va?». Il s'agit d'un tour d'écran où chaque personne partage comment elle va et ce qui l'attends cette semaine. Ce brillant concept inventé par notre collègue Véronique est devenue une tradition à Projet collectif, et la collection de déclinaisons augmente sans cesse. Au moment d'écrire ces lignes, nous sommes à 32 déclinaisons, le dernier en date étant «T'es-tu bain?». Ce matin, le tour d'écran se fait sous le signe de «Comment Sam va?», en hommage à notre collègue Samantha. Si mes souvenirs sont bon, je choisis la Sam d'environ 4 ans qui tient un sac de jouets, car je m'amuse beaucoup ces temps-ci.

Nous couvrons ensuite quelques points d'affaires courantes. C'est l'occasion, comme chaque semaine, de partager certaines mises à jours sur les projets courants, de transmettre quelques informations, de faire des appels à tous, et ainsi de suite. 

Nous poursuivons avec une activité collective, nouvelle tradition héritée de nos pratiques d'estivation. Ces activités peuvent prendre la forme de discussions collectives, de partage de savoirs, de présentations plus détaillées de projets, etc.

Ce matin, nous parlons de plusieurs sujets liés à notre culture et à nos pratiques au quotidien. Nous parlons des pratiques inclusives dans notre milieu de travail. Nous explorons comment incarner notre culture de bienveillance dans nos actions, nos événements et nos communications. Nous nous demandons comment nous assurer de créer un contexte de travail où il est possible de faire des erreurs, d'expérimenter, d'être vulnérables, et ce, tout en respectant et en acceptant si une personne dans l’équipe veut garder une distance. Une très vaste discussion pour la petite heure que nous avions, mais nous aurons d'autres espaces pour poursuivre ces échanges.

Je suis comme toujours très impressionné par la maturité émotionnelle, l'intelligence et l'éloquence de mes collègues. Je sais à quel point c'est exceptionnel, dans le monde du travail, d'avoir un aussi haut niveau de confiance entre nous, et des espaces sécuritaires de partage comme celui-ci. J'espère que nous saurons maintenir cette culture de confiance, d'ouverture, de respect, d'humour et de bienveillance tout au long de la vie de cette organisation. Je suis persuadé que c'est ce que nous avons de plus précieux à Projet collectif. 

 

🧁 Novembre

30 novembre, dans mon appartement

Ce jour-là, je suis en pleine forme. Très réveillé, d'attaque. Mais je ne peux rien faire, sauf faire les cent pas dans mon appartement. Je suis confiné. J'essaie de me distraire, mais je suis sur le qui vive, espérant recevoir à tout moment des echos sur ce qui se passe à quelques kilomètres de chez moi.

Car aujourd'hui n'est pas une journée normale. C'est la Journée des savoirs ouverts. Toute l'équipe y est, ainsi qu'une centaine de participant·es, dont plusieurs ami·es, partenaires, connaissances que j'espérais revoir. Même ma blonde y est. Je suis seul dans un appartement vide.

C'est en rencontre d'équipe, l'avant-veille, que j'ai appris que j'étais positif à la COVID-19. C'était dur à croire, certainement qu'il y avait une manière que cela ne m'empêche pas de participer à la rencontre nationale du RADN cet après-midi-là (où je devais faciliter un atelier), d'aider à monter la salle de la JDSO le lendemain, et de participer à cet événement auquel on avait tant rêvé et tant travaillé dans les derniers mois. Il fallait pourtant se rendre à l'évidence: je manquerais tout cela.

On a vite mis en place un nouveau plan: Marie-Hélène faciliterait l'atelier mardi après-midi, Jacinthe arriverait en renfort à Véro et Alice pour monter la salle mercredi, et Alice me remplacerait sur scène avec Véronique pour le mot d'ouverture jeudi. Heureusement, on avait tout planifié de manière à ce que la plupart de l'événement puisse rouler sans moi. On pouvait notamment nous appuyer sur La Pieuvre et sur l'aide d'une équipe de soutien embauchée pour prendre en charge la logistique et l'accueil.

Le matin de l'événement, je fais une brève intervention par visio durant le mot d'ouverture. Pour le reste, je dois lâcher prise, et il paraît qu'il faut même que je me repose. Après tout, j'ai la COVID.

Pendant la soirée, je reçois un appel de l'équipe qui me touche beaucoup. Tout le monde semble joyeux et fier. Je reçois même ce soir-là la livraison d'un petit paquet-cadeau avec une affiche et un t-shirt «Brisons le paradigme du document». Ma blonde revient avec un étage complet du géant muffin. Les échos que je reçois de la journée sont très positifs. J'ai le FOMO, mais suis heureux et fier de toute l'équipe.

Je prends une bouchée de muffin. J'ai hâte à l'édition 2024!

👓 À lire

 

🐟 Décembre

7 décembre, rue Ontario Est, Montréal

Photo: Sardine Rose

Joël et moi nous retrouvons au Sardine Rose, un restaurant portugais sur Ontario Est. Nous jasons amicalement et prenons des nouvelles, mais dès que nos repas arrivent, nous plongeons dans le coeur de la discussion.

Cela fait longtemps que nous explorons la possibilité de créer Babillard, une troisième plateforme numérique dans la suite de plateformes En commun. Cette plateforme permettrait entre autres de répondre à un besoin que l'on entends de part et d'autres, depuis au moins 15 ans, dans tous les milieux que l'on côtoie: celui d'avoir accès à de l'information descriptive de qualité sur les événements qui se tiennent partout au Québec, en complément à tout ce qui se fait déjà au niveau de la sortie culturelle.

Notre discussion nous amène à creuser notre hypothèse à l'effet que Babillard pourrait offrir accès à d'autres types d'information de nature temporelle tels que les appels (à contribution, à communication, à participation, etc.), les communiqués, les programmes de financement, etc. Nous alignons nos visions sur cette question, ainsi que sur l'éventuelle organisation de l'information en babillards thématiques, régionaux, sectoriels, etc. Par exemple, le secteur de l'économie sociale pourra se doter d'un Babillard de l'économie sociale afin de rassembler les événements et autres types d'annonces pertinentes pour leur milieu. Et idem dans les autres sphères de la société.

Les réflexions autour de Babillard se sont accélérées dans les derniers mois, principalement car nous sommes en discussion avec l'équipe de la coopérative Territoires, qui est à la recherche d'un repreneur pour leur projet Caligram. Il y a énormément d'apprentissages — usages, expérience utilisateur, architecture de données, taxonomies — dont nous pourrions bénéficier. Et puis, nous aimons l'idée d'inscrire Babillard dans la continuité de Caligram. Il y a plusieurs considérations financières et opérationnelles derrière un tel projet. Si on va de l'avant, on doit prendre le temps de bien analyser les besoins et les usages, évaluer notre capacité et rassembler les ressources qui nous permettront de bien mener ce chantier.

Certain·es se rappelleront du Mur Mitoyen, que j'ai créé en procrastinant la rédaction de mon mémoire de maîtrise en 2008, puis développé avec des amis. Ce projet de calendrier collaboratif s'est ensuite profesionnalisé et a mené à la création de Caligram en 2013. Entre 2009 et 2016 environ, la mise en commun de l'information événementielle était une des mes principales vocations. J'ai continué à m'impliquer dans plusieurs comités sur la question, surtout dans le monde culturel, et je suis bien sûr les activités de Caligram, dans lequel je me suis beaucoup impliqué au début. Dix ans plus tard, il se peut que notre équipe soit appelée à contribuer de nouveau à cet important chantier de société, de manière beaucoup plus directe avec Babillard. Cet arc narratif dans l'histoire de ma vie me donne le vertige. Et notre discussion ce soir-là me confirme que toute la passion que j'ai eu pour l'information événementielle est toujours bien présent en moi. Je prendrai l'occasion, dans un autre contexte, de raconter plus en détail le récit de ce chapitre de ma vie.

Suite à notre délicieux repas portugais, nous marchons quelques mètres vers la Livrerie, où Joël et moi animons une séance de l'Upop Montréal sur les communs numériques. La soirée nous permet de partager notre vision et nos apprentissages et d'échanger avec une vingtaine de personnes, dont plusieurs visages que nous reconnaissons. Je savoure ces moments précieux avec notre communauté, avant de retourner chez moi. 

C'est bientôt la fin de l'année, le party de Noël, les vacances. Un cycle annuel qui se termine à Projet collectif. J'ai pourtant l'impression que l'aventure ne fait que commencer.

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Publication

16 juin 2024

Modification

27 juin 2024 11:17

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Visibilité

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Pour citer cette note

Vincent Chapdelaine. (2024). Qu'est-ce que je retiens de l'année 2023 à Projet collectif?. Praxis (consulté le 29 juin 2024), https://praxis.encommun.io/n/XLK32h1FKt-50Tixc5wV-73Fhqc/.

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